Chasse, pêche et trappe : une tradition toujours bien vivante

Le mois de septembre est synonyme du début de la saison de la chasse sur le territoire. Afin d’en apprendre davantage sur l’importance de la chasse chez les Premières Nations, Médérik Sioui, historien, adepte de chasse et gestionnaire du secteur des communications à la CSSSPNQL, a répondu à quelques-unes de nos questions.

Quelle est l’importance culturelle et spirituelle de la chasse pour les Premières Nations au Québec?


« Au-delà de la chasse, la relation avec le territoire est très importante pour les peuples des Premières Nations au Québec. Les enseignements proviennent de la nature, de la faune et de la flore. Le but premier de la chasse est d’aller chercher la nourriture traditionnelle (viande) certes, mais plusieurs autres aspects s’inscrivent dans la pratique de la chasse et de la pêche. La chasse est également essentielle pour l’artisanat, l’habillement, la création d’outils ou même la médecine chez certaines nations. Il y a une relation ancrée entre l’animal et le chasseur et cela s’inscrit dans une certaine roue. L’animal nous donne ce dont nous avons besoin et, en retour, nous le remercions en faisant le meilleur usage possible de ce qu’il nous offre. Une forme de respect se crée avec l’animal et nous nous assurons de le traiter de la meilleure façon qu’il soit. »

Quels rôles jouent les aînés et les connaissances transmises de génération en génération dans la pratique de la chasse autochtone?

« En raison de la relation entre la nature, la faune, la flore et les Premières Nations, les aînés sont les gardiens du savoir et de la médecine. Ils aident et guident les chasseurs dans l’apprentissage et l’enseignement de l’importance de la relation avec l’animal. Les aînés jouent un rôle important dans la transmission du savoir, à travers les traditions orales et les histoires liées au territoire. Il est important de mentionner que, selon la nation, l’aîné et le territoire, les apprentissages peuvent varier d’un endroit à l’autre. »

Comment les lois et les traités nationaux reconnaissent-ils les droits de chasse des Premières Nations et quelles sont les implications modernes de ces droits?

« Dans l’histoire de la colonisation au Canada et au Québec, il y a eu une transformation de la relation entre les Premières Nations et les autorités coloniales (les gouvernements). À la fin du 19e siècle, la création de clubs de chasse et de pêche s’est propagée sur le territoire, ce qui a engendré une certaine valorisation monétaire de la chose. Le gouvernement a encouragé ce mouvement en donnant des lots réservés à ces clubs, ce qui a eu comme résultat la privatisation de la forêt. L’accès aux forêts et la limitation du territoire de façon universelle ont donc affecté les Premières Nations puisque leurs populations vivaient du territoire.

Le 20e siècle a été une période où les droits des Premières Nations n’ont pas été reconnus, ce qui a mené à plusieurs combats au cours des années 1970 et 1980. En 1982, le gouvernement a reconnu l’existence de ces droits ancestraux et issus de traités des Premières Nations du Canada, à la suite de l’article 35 de la Loi constitutionnelle. À partir de ce moment et à la suite de plusieurs causes, nous avons eu droit à une reconnaissance plus marquée de nos droits de chasse, de pêche et de trappe. Les Premières Nations doivent avoir un accès principal au territoire et doivent être les dernières à se faire priver de ce droit, pour tout enjeu de conservation. »

Comment nos pratiques de chasse diffèrent-elles de la chasse sportive moderne sur les plans de l’éthique et du respect de la faune?

« Dans la société québécoise, l’esprit sportif est ce qui détermine beaucoup la chasse et la pêche. Le respect des règles de la chasse est important : il faut que tout le monde ait les mêmes paramètres de chasse. Nous pouvons décrire la chasse sportive comme une sorte de compétition, le but étant de rapporter le plus de proies possible et d’obtenir une certaine reconnaissance et un certain honneur de nos pairs chasseurs.

Chez les Premières Nations, la chasse et la pêche ne sont pas considérées comme étant des sports. L’idée première est d’aller chercher des outils et des ressources premières (nourriture, vêtements, artisanat, etc.). Nous pouvons le voir au sens figuré comme une sorte de cueillette, donc aller cueillir l’animal. La connaissance du territoire, de la faune et de la flore est généralement bien inscrite dans les cultures des Premières Nations : il n’y a donc pas d’abus de la ressource, et la façon de concevoir la chasse n’est pas la même que celle d’autres cultures. La conservation et la préservation des animaux sont des aspects importants chez les Premières Nations. »

Quels sont les animaux traditionnellement chassés par les peuples des Premières Nations au Québec et comment cette chasse est-elle intégrée à leur mode de vie?

« Les peuples des Premières Nations chassent plusieurs animaux sur l’ensemble du territoire québécois tout au long de l’année. Les proies chassées dépendent majoritairement de la saison et de l’utilité de la bête au sein du mode de vie d’un peuple.

Voici une liste des animaux traditionnellement chassés par les Premières Nations au Québec :

Outarde
Cet oiseau est l’animal le plus communément chassé, principalement parce qu’il se trouve sur l’ensemble du territoire québécois. La chasse de cet animal permet également de faire plusieurs produits dérivés : la viande, la graisse, l’utilisation des plumes et du duvet pour la fabrication de manteaux, etc.

Dinde sauvage
Lors de la colonisation, la dinde sauvage a été exterminée et a donc disparu des pratiques traditionnelles. Ce n’est que dans les années 1990 qu’elle a été réintroduite dans notre environnement.

Orignal, chevreuil et caribou
Ces trois mammifères sont des animaux traditionnels chassés par nos peuples depuis des temps immémoriaux. Peu de personnes le savent, mais le chevreuil a frôlé l’extinction pendant plusieurs années en raison de la forte participation à la chasse sportive sur l’ensemble du territoire. Le chevreuil est revenu en force dans les années 1990 et nous pouvons le trouver un peu partout au Québec.

Ours
Cette bête est un animal traditionnellement chassé un peu partout. Cependant, il est traité différemment selon la nation. L’ours est considéré comme un emblème de la médecine et un animal très spirituel pour plusieurs nations.

Castor, lièvre et rongeurs
Ces animaux sont fortement chassés sur l’ensemble du territoire. Pour les Premières Nations, le castor est chassé pour sa fourrure, mais également pour sa viande qui est très recherchée. Pour certaines nations, le castor est un emblème de la médecine, tout comme l’ours.

Poissons
En fonction des différents territoires, différentes espèces seront pêchées. Les poissons les plus populaires sont le saumon, la truite, le doré, le brochet et l’esturgeon. Plusieurs autres poissons sont pêchés, mais ceux-ci sont les plus fréquents. »

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